mercredi 7 janvier 2009

Voeux 2009

Même dans son camp de thuriféraires très méritants, on était un peu gêné de la médiocre prestation télévisée des voeux présidentiels.
Eh ben vous n'avez rien vu ! Voici la véritable cérémonie, que des opticiens aux p'tits soins mais aux grands ciseaux ont préféré soustraire à nos yeux effarés.
Ce qui nous attend en 2009, scoop !

samedi 3 janvier 2009

Robert le Diable


Allez, on parie que 2009 sera l'année de Robert le Diable ?
L'année de l'entrée en résistance des timides, l'année de la prise et de la brise des ondes, l'année où l'on fera fi et feu des conventions, l'année de l'amour ? Je sens monter à mes vieilles narines le fumet délicat des rues trouées et dépavées, mélangé à celui, plus âcre, des gaz à larmes, mmm... Chaud, chaud, chaud, le printemps sera chaud, les lapins ! Et pour la commencer, une petite histouère que je ramène de mes balades ensablées sur les grèves du Cotentin. La scène se passe en 1025 ou en 1026, je vous autorise à relativiser :
Quand il ne trousse pas sans consentement tous les jupons qui passent, ce rustre de Robert guerroie d'un bout à l'autre de son duché menacé de Normandie, ou chasse le cerf ou le serf dans les forêts de ses nombreux domaines, comme ce jour où il rentre en son château de Falaise... Au pied de celui-ci coule une fontaine d'eau claire, dans laquelle d'accortes lavandières battent le linge, en riant et en chantant. Il fait chaud, l'une d'entre-elles a délacé son corsage, sa gorge est si blanche sous le soleil, sa voix est si fraîche, son chant si cristallin... Robert est littéralement foudroyé. De diable, il devient magnifique, il devient timide. Ce que d'habitude il prend sans attendre, il n'ose même toucher. Tous les jours suivants, il guette la belle, qui ne revient pas, en perd le boire et le manger, si bien qu'il se résout à faire venir au château le père d'icelle, tanneur au village plus bas. On imagine la surprise et l'embarras d'icelui, car seigneur dispose. Dispose, c'est un bien grand mot, car jamais la papauté ne reconnaîtra telle union, entre fille de tanneur et petit-fils de Rollon. Le mieux est encore de demander à la jolie Arlette (puisque c'est son nom), se défausse le père tremblant... Et justement, Arlette avoue qu'elle-même a perdu le sommeil, depuis qu'elle a croisé le regard de Robert. Elle acceptera tous les arrangements... Consulté, son oncle, un mage dont la renommée s'étend bien au-delà de la contrée, conseille une union discrète, protégée par les murs du château de Falaise. Dès le lendemain, la belle s'installe, et les amants ne quittent plus la chambre. Un matin, Arlette conte à Robert qu'elle a fait, dans la nuit, un songe étrange et pénétrant :
Un chêne gigantesque sortait de son flanc, puis déployait ses branches, dont l'ombre portée, au zénith, recouvrait les exacts contours de la Normandie. Le duc en conclut sur le champ que c'est de cet amour que naîtra celui qui régnera sans partage sur un duché enfin pacifié. Et de fait, le petit bâtard, qui naît en 1928, et qui portera son surnom comme un étendard, est élevé dans la certitude qu'il est destiné à succéder à son père. Quand celui-ci part, en 1935, pour une croisade dont il ne devait pas revenir, il prend soin de désigner l'enfant comme héritier au trône. Les années qui suivent seront terribles, les précepteurs du garçon vont mourir les uns après les autres, lui-même échappera à moult attentats, rien pourtant n'empêchera Guillaume le Bâtard de devenir Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, roi d'Angleterre, mais ceci est une autre histouère. Sachez seulement qu'en digne fils de son père, il passera outre les interdits du pape, pour épouser sa cousine Mathilde, dont il est fou amoureux, et que débarquant en Angleterre, chutant lourdement de son bateau sur la grève, devinant d'instinct que ses hommes vont y voir un très mauvais signe, il a le trait de génie de décider, en un quart de seconde, de ramasser du sable, puis de lever au ciel ses poings avant de les ouvrir, laissant filer au vent les grains, et de déclarer, d'une voix de stentor :
Regardez bien cette terre, que j'ai prise de mes deux mains.
Elle est à nous maintenant, et tout ce qui s'y trouve nous appartient !

Si vous voulez en savoir plus, foncez à Bayeux, voir la tapisserie de la reine Mathilde. Cette sublime broderie de 50 cm sur 70 m, en dix tons directs, digne ancêtre de la Ligne claire, vous racontera tout ça bien mieux que je ne saurais le faire.
Meilleurs voeux à tous !