vendredi 28 novembre 2008

Contrat à durée indéterminée


SI, VOUS AVEZ BIEN LU ! La MDA vous propose un contrat à durée indéterminée ! Connaissant l'humanité, digne d'un bulot, de son président, vous avez des doutes... Et pourtant, c'est vrai ! Je vous explique comment procéder, c'est très simple, tous à vos CV ! Je ne vais pas revenir sur les malheurs de Mimi, ceux qui ne sont pas encore au jus... Peuvent se renseigner ici. Sachez seulement qu'elle va devoir vivre, et continuer d'éduquer ses trois lardons, merci Rémy Aron, avec 152 euros mensuels.
Petit cours de droit et de tordu à l'usage des nuls :
Le contrat d'avenir (sic !) de Mimi arrive à échéance le 06-11-2008, il n'est pas reconduit. Jusqu'ici, malheureusement, rien à dire, c'est la France de Sarkozy, casse-toi pov'conne ! La veille, le 05-11-2008, donc, la MDA fait passer une annonce de recrutement, consultable ici, ici, ou encore ici. Et là, patatras, elle s'est mise hors-la-loi ! Car elle aurait dû respecter, entre la fin du CDA de Mimi, et la publication de cette annonce, poste pour poste, CDA pour CDA, un délai de carence égal au tiers du contrat échu, c'est à dire un délai de huit mois ! N'ayant pas respecté ce délai, la MDA est en faute (lourde, comme lourder, y en a qui se font jeter pour moins que ça). Seulement, cette faute ne peut EN AUCUN CAS profiter à Mimi. Mais dans TOUS LES CAS à celle ou à celui qui va lui succéder... Je m'adresse en particulier à l'heureux(se) élu(e) : une fois signé votre magnifique CDA, vous commencez à peine le boulot, genre une demi-journée... Puis vous dénoncez, par lettre avec AR et devant les prud'hommes, le non-respect du délai de carence. Eh ben, figurez-vous que c'est imparable, votre CDA sera automatiquement converti en CDI ! C'est pas beau, ça ? Bon, les blaireaux du bureau vous feront peut-être un peu la gueule... Qui aime qu'on lui mette le nez dans sa merde ? Mais franchement, qu'est-ce que ça pèse à côté d'un CDI ? Alors, tous à vos stylos et à vos photos, les rapins... C'est la fin de la précarité !

P.S. : Je précise que toutes ces infos sont de source absolument sûre.

dimanche 16 novembre 2008

Mimi des Embruns


Mimi, c'est Myriam, 58 printemps aux fraises, 3 enfants étudiants qu'elle élève seule. Engagée par la Maison des Artistes le 6 novembre 2006, pour s'occuper entre autres du site internet, via une convention Contrat d'Avenir de deux ans parfaitement renouvelable. Jetée à la rue au terme de son contrat, sans que la moindre faute professionnelle puisse lui être reprochée. Ce vidage sauvage, totalement contraire à l'esprit des fondateurs de la MDA, met la dévouée Mimi dans une merde noire. À l'âge qu'elle a, elle n'a quasiment aucune chance de retrouver du travail. Le videur en chef s'en fout. Complètement. Le videur en chef, c'est Rémy Aron, président de la Maison des Artistes. Il a soutenu Sarkozy lors de la campagne présidentielle, au nom de l'association. Ça n'a rien à voir ? Non, ça n'a rien à voir. Circulez !

dimanche 8 juin 2008

Nécros


Nécrologie d'Ernest Hemingway,
Exercices de Stèle, par Patrice Delbourg et Jean-Pierre Cagnat,
Éditions du Félin.

La mort de Reiser m'a peiné au-delà du raisonnable, même en sachant qu'il s'était rendu au cimetière à pied...
Ses dessins me manquent terriblement, ils m'aidaient à vivre.
J'ai un pote écrivain, Patrice Delbourg, qui a publié une fabuleuse nécro différée de cent scribouilleurs, illustrée par Jean-Pierre Cagnat. Des monuments, Hemingway, Kafka, Montherlant, Stevenson... Mais aussi des grands discrets, Cravan, Fontenelle, Roussel, ou encore Vaché. Il m'a raconté le suicide de Bosc.
Qui est entré dans une armurerie, a acheté une arme, avec laquelle il s'est tiré une balle dans la tête, dans sa voiture, qu'il avait garée devant le magasin.
Et une anecdote sur Chaval adolescent. Un jour qu'il est dans le métro avec son oncle, qu'il adorait, à une heure de pointe...
" Retourne-toi ! ", lui dit l'oncle tout à coup. Chaval se retourne à grand peine et voit un homme au visage assez commun.
" Regarde bien ce Monsieur, car il est probable que tu ne le verras jamais plus ! "

Champagne


Jean-François de Troy, Le déjeuner d'huitres,
Musée Condé de Chantilly.

À cette taille, vous ne pouvez pas voir grand chose, mais vous pouvez agrandir un peu l'image en cliquant dessus.
Les yeux des personnages situés à gauche sont levés vers un bouchon en train de sauter, devant la colonne.
C'est la première apparition du Champagne dans la Peinture.

vendredi 4 avril 2008

Sacrée Artémise


Artémise II, Mausole et le Mausolée d'Halicarnasse.

En 377 avant Jésus-Christ, succédant à son père Hécatomnos, le roi Mausole de Carie transporte sa capitale à Halicarnasse. Il fait (un peu aidé, peut-être...) de son royaume l'une des principales puissances maritimes du bassin Égéen. À sa mort, en 353 avant J-C, sa soeur et épouse Artémise II, inconsolable, entreprend, en son honneur, la construction d'un monument exceptionnel, pour lequel elle fait appel aux plus grands artistes de son temps...
L'architecte Scopas, et les sculpteurs Bryaxis, Léocharès et Timothée.
Il est achevé en 350 avant J-C, un an après la mort d'Artémise, et devient la cinquième Merveille du Monde. Un tremblement de terre le détruit au XIVème siècle. Du Mausolée d'Halicarnasse, ne restent que les fondations, qu'on peut admirer à Bodrum, au sud-ouest de la Turquie, et quelques statues, que l'on peut voir au British Museum, à Londres. Le mot Mausolée est passé dans le langage courant, pour désigner un somptueux monument funéraire, aux très importantes proportions, plutôt réservé à quelques grands inquiets, à l'égo sur-dimensionné, soucieux d'accéder à une forme d'immortalité...
Le premier empereur Qin, Auguste, Atatürk, Lénine, Mao, Sarkozy...
Bon, vous me direz, tout ça c'est de l'histoire archi-classique, on s'en tape un peu, mais j'ai gardé le meilleur pour la fin, ou plutôt pour la soif ! La belle Artémise est une grande amoureuse, qui entretient avec son frère (gardez vos sarcasmes pour vous, on est avant J-C
et S-F) et époux une relation passionnelle. Fusionnelle, dirait-on aujourd'hui. Après avoir versé des torrents de larmes, elle fait brûler le corps de Mausole, récupère les cendres du malheureux défunt, dont elle prélève une pincée, chaque jour que Dieu fait, pour la mélanger à sa boisson du matin... Qu'elle avale, en prenant son temps, jusqu'à absorption complète de l'être aimé !
Vous prendrez bien un doigt de champagne ?

samedi 29 mars 2008

Le roulé d'âne

Faut dire les choses telles qu'elles sont : dans la montagne, les mouches changent d'âne moins volontiers que dans la vallée.
Pas facile de s'en débarrasser, mais il existe des solutions.
La preuve ? Petite leçon de vie...
Le roulé d'âne gris, par Fitou, randonneur des Hautes-Pyrénées.

vendredi 28 mars 2008

Témoins de leur temps


Michel Ciry, Les fiançailles, 1964.

En 1947, encouragé par Jean Cassou, conservateur du Musée d'Art Moderne, Isis Kischka fonde le collectif "Les peintres témoins de leur temps". Le but officiel est de venir en aide à la Maison de Retraite des Artistes de Nogent-sur-Marne.
La première exposition, sur le thème du travail, a lieu en 1951.
L'affiche est signée Fernand Léger, excusez du pneu.
On peut y admirer des oeuvres de Matisse, Dufy, Rouault ou encore André Lhote. D'autres artistes célèbres rejoignent épisodiquement, au fil des ans, le collectif : Buffet, Carzou, Dali, Foujita, Gromaire, Picasso, Van Dongen, Villon...
Jusqu'en 1977, au musée Galliéra, d'assez belles expositions connaîtront un vif succès. Contraint de déménager au musée du Luxembourg, le Salon déclinera, jusqu'à son extinction en 1982.
Tout ça ferait une belle histoire, qui durerait encore...
Si ses initiateurs ne s'étaient pas usés en une guerre peu subtile, contre tout ce qui s'éloignait un tant soit peu... de l'art figuratif.
L'art abstrait en particulier.
Le mot d'ordre était : "Que l'homme figure et se reconnaisse dans les oeuvres". Il se révélera étouffant, et aura raison de l'entreprise.
L'Histoire a été féroce, injuste peut-être, avec le collectif.
En vingt ans, le Salon ne révélera pas un seul artiste important.
Comme si un abstrait lyrique n'était pas un "témoin de son temps"...
On pourrait en rire, mais l'histoire balbutie.
Et les inculturés pourfendeurs de l'art contemporain feraient bien de regarder en arrière... une fois de temps en temps.

jeudi 27 mars 2008

Pigalle


Jean-Baptiste Pigalle, Voltaire nu, 1776.

Ce soir à 20h40, sur France 5, Un soir au musée, Le Louvre.
En 1770, la Société des Gens de Lettres lance une souscription publique pour financer l'érection d'un marbre en hommage à Voltaire, qui vit alors en exil à Ferney. La commande est passée à Jean-Baptiste Pigalle, qui choisit de représenter Voltaire nu, dans toute la crudité de sa "déchéance" physique. Et ce malgré les tentatives de l'écrivain lui-même pour en dissuader le sculpteur.
Le réalisme de la statue provoqua un dégoût et un rejet unanimes.
Aujourd'hui, elle est considérée comme un chef-d'oeuvre...
Et comme une parfaite métaphore du triomphe de l'esprit sur le corps. Elle est exposée au Louvre depuis 1962.
Une partie de l'émission de ce soir lui est consacrée.

lundi 24 mars 2008

Chacun son tour


Bernie Wiseman, 18-04-1953, pour le New-Yorker.

Berthe Morisot et Julie Manet


Édouard Manet, Berthe Morisot au bouquet de violettes.
Berthe Morisot, Julie Manet rêveuse.

Une ch'tite anecdote sur Berthe Morisot, pour ceux qui ont le sens et le goût du futile : après la mort de son mari Eugène Manet, tombée malade, elle confie à Auguste Renoir et à Stéphane Mallarmé l'éducation artistique et littéraire de sa fille Julie.
Bien des années plus tard, les murs de l'appartement de Julie sont couverts de tableaux impressionnistes.
Lors d'un anniversaire assez agité, un bouchon de champagne troue malencontreusement... un magnifique Manet.
Le portrait de Berthe Morisot au bouquet de violettes...

La prochaine fois que vous irez au Musée d'Orsay, regardez attentivement le tableau...
La boursuflure consécutive à cet accident très "domestique" est parfaitement visible.
Sûr que le chef d'oeuvre est maintenant en sécurité...
Mais il doit beaucoup moins s'amuser.

vendredi 21 mars 2008

John Martin


John Martin, The Bard, et Jean M. se prenant pour John Martin.

En 1972, j'avais 17 ans, j'étais fondu de barbouille...
Chuis allé voir, avec ma Môman, au Petit Palais, l'expo La Peinture Romantique Anglaise et les Préraphaélites, sous le double patronage de sa Gracieuse Majesté Elizabeth II et de Georges Pompidou.
Un souvenir inoubliable, il m'arrive encore de me demander si ce n'est pas la plus belle expo que j'ai vu de ma longue chienne de vie.
Burne-Jones, Constable, Lawrence, Rossetti, Turner, en vrai !
Millais et son Ophélie, un choc.
Et deux artistes étonnants, complètement "décalés" pour l'époque : Calvert et Palmer, dont étaient présentées des gouaches, mais aussi des aquarelles, des encres, des détrempes et des plumes...
Je ne connaissais pas, et ne les ai jamais revus depuis.
Quelques années après, quand j'ai commencé à promener mes premiers cartons dans Paname, des lavis à l'encre de chine, rehaussés de gouache blanche et de stylo à bille, je suis tombé sur un écrivain érudit (y en a, y en a) qui m'a dit, stupéfait :
"Incroyable, on dirait du John Martin !"
Inconnu au bataillon...
Je rentre chez moi, je cherche dans quelques dicos de peinture, rien, ou quelques lignes seulement...
Quelques semaines plus tard, je dîne chez ma Môman...
On reparle bizarrement de l'expo de 72, elle me dit :
"Mais j'ai gardé le catalogue !"
Que nous feuilletons, bien sûr, avec nostalgie...
Constable, Lawrence et... John Martin !
Comme quoi, l'inspiration...

Wallis


On n'est jamais ni trop riche, ni trop maigre.
Wallis Simpson, duchesse de Windsor (1896-1986).

jeudi 20 mars 2008

Portrait officiel


Quand on sait peindre, on sait cirer.

Le beau et le laid


Quand on étaient petiots, not' Môman a eu un jour la lumineuse idée de nous abonner à Tout l'Univers, tout de suite devenu indispensable, et que j'attendais chaque semaine avec impatience...
Que j'en avais fait ma bible, un truc inattaquable où il n'y a que des vérités, jusqu'au jour où je tombe sur un test :
Sauriez-vous reconnaître ce qui est beau, et ce qui ne l'est pas ?
Photos à l'appui...
À ma gauche, la cathédrale de Cologne, un fleuron de l'art gothique.
Un monstre d'équilibre, de symétrie et d'élégance...
Toute la puissance d'un art théorisé et maîtrisé à l'extrême...
LE BEAU.
À ma droite...
Je regarde la photo...
Z'avez déjà eu un coup de foudre, un vrai ?
De ceux qui vous laissent pantelant, bouleversé...
Que vous savez d'instinct que, demain, rien ne sera plus pareil ?
À ma droite, donc, la Sagrada Familia...
Toute en ouvertures, en contorsions, en déchirures...
LE MOCHE.

Effectivement, le lendemain, rien n'était plus pareil...
J'avais cessé d'attendre la livraison de Tout l'Univers...
Ma Môman a pas bien compris...
Normal...
Comment lui expliquer que j'étais passé du côté du moche ?
Plus besoin de ce beau magazine, qui s'adressait à d'autres que moi.

dimanche 16 mars 2008

Ivre de femmes


Ivre de femmes et de peinture, de Im Kwon-Taek.
L'autobiographie réinventée et sublimée de Seung-Ub Ohwon...
Un artiste coréen génial du XIXe siècle, qui défiait les dieux...
Et s'est noyé dans l'alcool et dans sa peinture...
Qu'il pratiquait, l'un comme l'autre, avec l'amour, passionnément.
On peut en trouver la mise-en-scène académique, voire classique...
Le plus beau film que j'ai vu sur le mystère de la création.

Voir la bande-annonce

L'homme animal


L'homme-animal, affiche du carnaval, ville de Cergy.

Discours de Stockholm


Extrait de son discours pour le prix Nobel, 10-12-1957 :
Je ne puis vivre personnellement sans mon art.
Mais je n'ai jamais placé cet art au-dessus de tout.
S'il m'est nécessaire au contraire, c'est qu'il ne me sépare de personne et me permet de vivre, tel que je suis, au niveau de tous.
L'art n'est pas, à mes yeux, une réjouissance solitaire.
Il est un moyen d'émouvoir le plus grand nombre d'hommes en leur offrant une image privilégiée des souffrances et des joies communes.
Il oblige donc l'artiste à ne pas s'isoler ; il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle.
Et celui qui, souvent, a choisi son destin d'artiste parce qu'il se sentait différent apprend bien vite qu'il ne nourrira son art, et sa différence, qu'en avouant sa ressemblance avec tous.
L'artiste se forge dans cet aller-retour perpétuel de lui aux autres,
à mi-chemin de la beauté dont il ne peut se passer et de la communauté à laquelle il ne peut s'arracher.
C'est pourquoi les vrais artistes ne méprisent rien ; ils s'obligent à comprendre au lieu de juger.
Et, s'ils ont un parti à prendre en ce monde, ce ne peut être que celui d'une société où, selon le mot de Nietzsche, ne règnera plus le juge, mais le créateur, qu'il soit travailleur ou intellectuel.


Albert Camus, Discours de Suède, Folio-Gallimard.

Sur l'Adriatique


On commence par une évocation de notre glorieux passé raciste :
Al-Biruni (973-1050) est un très grand savant de l'islam médiéval.
Il a exploré les mathématiques, l'astronomie, la philosophie, les sciences naturelles...
Ses travaux sont d'une telle complexité qu'ils semblent pour le moins obscurs aux occidentaux, aux français en particulier.
Qui, par dérision anthropomorphique, baptisent alors les ânes du doux surnom d'Ali-Boron.
Des siècles plus tard, c'est passé dans le langage courant...

Roland Dorgelès et sa bande fréquentent Montmartre, assidûment.
En particulier le cabaret, devenu fameux, du Lapin Agile...
Tenu, à l'époque, par un certain Frédé, guitariste, violoncelliste, gai compagnon, propriétaire d'un âne, Lolo, qu'il garde attaché dans la cour. Le brave bourricot a la mauvaise habitude de remuer frénétiquement la queue, lorsque son maître lui apporte une gamelle de son, ce que n'a pas manqué de remarquer Dorgelès, dans la tête duquel germe alors une grande idée.
Il est l'ami d'Apollinaire, de Carco, de Mac Orlan, mais il ne partage pas leur goût pour Braque, ou Picasso...
Qu'il considère comme des fossoyeurs de la peinture...
Dont les critiques d'Art seraient les complices.
Devant huissier assermenté, on attache une brosse à la queue de Lolo, on installe derrière lui des pots de peinture, ainsi qu'une toile vierge... On lui donne alors du son.
Le résultat ne se fait pas attendre, et stupéfie toute l'assistance !
Jamais encore on n'est allé aussi loin en peinture...
Cette liberté, cette virtuosité de la touche, ce sens des couleurs !
C'est le nouveau manifeste de l'Art Contemporain.
Il faut trouver un nom à ce chef d'oeuvre, ce sera :
Coucher de soleil sur l'Adriatique.
Il faut inventer un artiste susceptible de l'avoir peint, ce sera : Boronali (anagramme d'Ali-Boron), né à Gênes en 1885.
On signe la toile, on l'encadre.
Au Salon des Indépendants de 1910 qui suit, et où elle est exposée, son audace formelle et sa nouveauté lui permettent d'obtenir un grand succès critique, journalistique, puis public...
Qui tourne au délire, lorsque Dorgelès dévoile la supercherie.
Dans un grand éclat de rire, le tableau est vendu aux enchères, 400 francs, une somme très importante pour l'époque.
Qui sera intégralement versée à l'orphelinat des Arts.
Après être passée dans les mains de différents collectionneurs, la toile a intégré la collection permanente de l'espace culturel Paul Bedu à Milly-la-Forêt, où on peut encore aujourd'hui l'admirer.

Fouilles de Délos


Un jour que Dorgelès rend visite, en son atelier, à son ami le sculpteur Buron, il distingue, au milieu d'un tas de gravats, la naissance d'un cou gracieux, l'arête d'un nez, une tête de femme, presque intacte.
Qu'il a vite fait, intrigué, de dégager et de dépoussiérer.
- " C'est toi qui a fait ça ? "
- " Ce n'était qu'une ébauche, très mal partie, j'ai préféré tout jeter dans ce coin. "
- " C'est incroyable, on jurerait du marbre de Naxos, c'est un très beau travail ! "
- " Tu es fou, ce n'est que du calcaire de Pontoise, raté, en plus. "
- " Et moi, je te dis que cette tête aurait sa place au département antiquités grecques du Louvre, période cycladique. Pour un qui prône le retour aux vraies valeurs, te voilà sacrément proche des cubistes ! C'est sans doute l'inconscient qui a parlé... "
- " Salaud ! "
- " Tu me présenteras des excuses quand je t'aurai fait rentrer au musée des musées... "
Et il part sur l'heure en reconnaissance au Louvre, où il repère une colonne isolée, qui fera office de piédestal.
Note soigneusement comment sont réalisées les étiquettes, en vue d'une reproduction, et revient trois jours plus tard, accompagné d'un huissier, et de quelques amis, qui distraient le gardien, pendant que Dorgelès accomplit son forfait...
C'est fait, la tête est là, sur sa colonne, derrière son étiquette.
La troupe ressort du musée, très satisfaite d'elle-même, et tout le monde oublie cette histoire, pendant plusieurs semaines, jusqu'à ce que Roland Dorgelès décide de révéler la supercherie.
Il revient au Louvre, avec des journalistes (il l'est lui-même, à cette époque), son constat d'huissier...
Et raconte toute l'histoire, avant, devant l'assistance hilare, de se saisir de la tête, pour la ramener à la maison.
Les gardiens se précipitent :
" Qui êtes-vous, qu'est-ce que vous faites ? Reposez cette tête, tout de suite ! "
Mais Dorgelès ne l'entend pas de cette oreille...
Le conservateur en chef est appelé à la rescousse...
Écoute les arguments des uns et des autres, mais refuse de lire le constat, et finit par faire évacuer la troupe par la police.
Quarante ans plus tard, Buron n'a pas percé, Dorgelès est devenu un écrivain comblé, que ses livres "Les croix de bois" ou encore "Le château des brouillards" ont rendu riche et célèbre.
Il repense à cette histoire, et décide de faire un tour au Louvre...
Se rend au département des antiquités grecques, période cycladique...
Et retrouve la tête, qui est toujours là, à l'écart, sur son piédestal, derrière son étiquette :
Tête de divinité, entre 2700 et 2300 av J.C. Fouilles de Délos, 1902.

Michka


Michka...
Un ours en peluche, qui, un soir de noël, va fuir sa proprio, une vilaine petite fille, pour vivre, l'espace de quelques heures, une vie d'ours libre, dans la campagne enneigée.
Il va rencontrer le renne du Père Noël, et l'aider à distribuer ses jouets, jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus.
Mais il reste une maison, je devrais dire une masure...
Dans laquelle dort un pauvre enfant, sans rien dans ses chaussures...
Ceux qui ont du cœur devinent ce que va faire l'ourson.
Une histoire à vous tirer des litres de larmes.
Une merveille.
Et un dessin inoubliable, sur double-page : le nounours, à l'orée d'une forêt dont les arbres projettent des ombres menaçantes.
Impossible de ne pas s'identifier au brave petit Michka.
Nous sommes tous des juifs allemands, des enfants palestiniens...
Et des ours en peluche.

Le cirque de Gavarnie


Pas trouvé de travail...

Liliane B


La vie est trop belle pour l'apprécier au ras du sol.
Liliane Bettencourt, héritière du groupe L'Oréal.

La rillette des copains


Pour ceux chinon point oublié Jean Carmet.
La rillette des copines et des copains...
Vous foncez tout droit acheter des travers, de la palette (pour les artistes) et du jarret demi-sel, vous en faudra pour rentrer.
À parts égales, c'est un plat de partageurs !
Vous découpez le tout en gros cubes, en abandonnant à leur triste sort les os, les cartilages, la couenne et le gras.
Cubes que vous faites dorer au fond d'une cocotte adorée avec une ch'tite louche de saindoux.
Et un oignon coupé en lamelles, pour les faire pleurer.
Quand ça croustille, bouquet bien garni et 1/3 de litre de blanc du coin (Chinon, Saumur...), grand comme un 1/2 litre environ, on n'est pas mesquin.
À feu doux, tout doux, on laisse bouilloter 4 heures bien trempées.
Un tour de poivre, pas de sel !
Et on écrase tout ça contre les bords de la cocotte, avec une fourchette ou une cuillère en bois.
Çui qui préfère le passer au mixer devra me présenter ses parents.
Que je leur apprenne, à élever si mal leurs gosses...
Vous mettez la merveille en pots, et vous laissez refroidir.
Une p'tite couche de saindoux, et hop, au frigo, pour rassir 3 ou 4 jours.
C'est pas de la rillette pour porc, c'est de la rillette de cochon !
Donc, si vous la trouvez un poil sèche à la dégustation, eh ben vous l'arrosez, sans hésitation.
À larges rasades...
D'un Saint-Nicolas-de-Bourgueil, ou d'un Chinon.

Irlande éternelle


Ai traversé les verts pâturages d'Irlande, de Dublin à Waterford, en passant par Kilkenny.
Ai marché sur des sentiers de douaniers aux herbes folles, le long de la côte sud, entre Tramore et Dungarvan...
Ai conversé, tout étonné de les trouver là, avec des copines coulemelles qui rêvaient des Pyrénées en regardant la mer...
Les ai consolées, en leur expliquant que, dans les Pyrénées, je les aurais sans remords accommodées en beignets, après les avoir acoquinées de force avec une gousse d'ail écrasée, et une pincée de chapelure...
Ai crotté mes pompes, en longeant la Blackwater pour admirer les tours de Lismore Castle, en compagnie d'un héron bleu...
Suis monté à la Vee, pour embrasser une lande que les prémices de l'hiver faisaient ressembler à l'Aubrac...
Me suis écorché les joues, dans une jungle de rhododendrons, que j'en avais jamais vu autant, en m'demandant bien quelle jolie frimousse ils devaient donner à la région, au tout début du printemps...
Ai demandé, à des moutons têtes noires qui broutaient près de Clonmel, et qui m'ont répondu par l'affirmative, s'ils connaissaient le plateau de Coumély...
Ai bafouillé, iningliche, avec une jolie berlinoise, qui semblait suffisamment amoureuse du fiston pour que j'produise cet effort surhumain...
Ai surtout, surtout, éclusé nombre de pintes de stout à la santé des aminches, et dégusté du Number Nine, un whiskey délicious, au Downes, où le patron le distille lui-même...
Ai contemplé ma hure enflammée à la Murphy's dans le miroir incertain de la Suir...
Ai tapé du pied au son d'l'accordéon, d'la tin whistle et d'un fiddle qu'aurait fait faire des bonds à un cul-de-jatte, au fond d'un pub dont j'ai oublié l'nom, dans les ruelles obscures d'une ville perdue...
Ai beuglé à la lune humide des vieux chants brittons, que fredonnait au-dessus de mon berceau ma GrandMa Kérouanton, et que je croyais bien avoir oubliés...
Me suis pris, sur l'coin d'la tronche, de la flotte, de la flotte, et encore de la flotte...
Et suis revenu plus sage d'un dicton du cru qui fonctionne dans tous les sens, et dit à peu près ceci :
Si tu n'apprécies pas le temps qu'il fait en Irlande, attend cinq minutes !
Quatre jours, vous me direz, ça n'est que du tourisme...
Ouaip, ça n'est, mais, bonguieu, ça est mieux que rien !

Madame Moitessier


Daniel Arasse, Histoires de peintures, Folio essais.
Pour l'un des derniers chapitres, La peinture au détail, ou Le rien est l'objet du désir, je ne sais plus.
Un passage sur Madame Moitessier, par Ingres.
Une totale élucubration, mais élaborée avec tant de talent qu'on la lui pardonne.
Daniel Arasse connait ce tableau (National Gallery) par coeur.
Un jour qu'il le contemple, par le biais d'une diapositive, un peu plus longuement que d'habitude, il remarque, sur la robe très chamarrée de la dame, une tache, qui lui avait jusque là échappé.
Que rien ne justifie, ni n'explique...
Ni l'éclairage, ni les plis de la robe, ni ses motifs.
Encore moins l'élégance de celle qui la porte.
Une tache voulue, une tache peinte en tant que tache.
Madame Moitessier est un peu ronde pour les tristes canons actuels.
Mais, à son époque, elle est considérée comme la plus jolie femme
de Paris.
La tache devient donc la manifestation du désir inavouable du peintre pour son modèle.
Et la preuve se trouve dans le miroir, placé derrière la dame,
sur sa gauche.
Il reflète une jolie nuque charnue, l'objet du désir, forcément.
Je raccourcis, mais le fond y est.
On reste confondu par cette révélation implacable.
Et par le fait que, pas une seconde, Daniel Arasse ne semble se douter que, s'il y en a un qui désire vraiment Madame Moitessier dans cette histoire, c'est lui.

Renaissance italienne


Ce matin d'avril 1453, le jeune homme qui se hâte dans les rues de Venise semble bien fébrile.
C'est qu'il est fou d'amour, et qu'il va jouer sa vie, en un instant.
Il frappe à la lourde porte.
Un domestique en livrée l'introduit auprès du maître de maison, aux genoux duquel il se jette sans attendre.
- "Signore, je vous supplie de me donner la main de votre fille Ginevra, pour laquelle mon coeur soupire, nuit et jour."
- "Mon pauvre garçon, que tu sois fils de chaudronnier m'est totalement égal.
Je suis assez riche pour doter ma fille au point qu'elle puisse vivre avec un artiste, sans soucis d'ordre pécunier.
Mais cet artiste devra être génial.
C'est ma volonté inaliénable.
Or, tu n'es que l'un des multiples élèves de l'approximatif
da Fabriano."
- "Signore, pour votre fille, je deviendrai un peintre de génie ! "
- "Peut-être... Mais, en attendant, je vais te montrer ce qu'est la vraie peinture."
Et il l'emmêne dans l'atelier qu'il a aménagé sous les combles de sa grande maison bourgeoise.
- "Vois-tu, mon garçon, même si je n'en fais pas profession, je place l'art au-dessus de toutes choses.
Je me pique moi-même de peinture, et je crois être arrivé à une certaine maîtrise, pour ne pas dire une maîtrise certaine."
Il tire alors le drap devant un onéreux chevalet.
Sur lequel trône une gigantesque toile, recouverte de peinture fraîche, qui le représente, en cavalier, arborant un air aussi martial que sa technique.
- "Quand tu seras capable de produire un tel chef-d'oeuvre, je te donnerai ma fille."
Le domestique fait alors son entrée.
- "Maître, on vous demande, pour une livraison."
- "Je te laisse méditer quelques instants."
Et il remonte très vite auprès du pauvre jeune homme.
- "Dieu, une mouche s'est pris les pattes dans la peinture fraîche ! "
Et elle a bien choisi son endroit...
Sur la partie la plus en aplat du tableau, la cuisse du cheval, elle dessine une magnifique tache noire.
Qui s'agite, car l'insecte étourdi cherche frénétiquement à échapper au piège de la peinture.
Il s'agit de l'en délivrer, sans mettre le chef d'oeuvre en péril.
Rien n'y fait, ni le souffle timide du maître, ni celui plus affirmé et rieur du garçon.
Il va falloir la saisir avec les doigts...
- "Mais, cette mouche est peinte ! C'est extraordinaire ! "
Et pour cause, c'est le seul élément vivant de ce tableau très... ordinaire.
- "Comment as-tu fait ? "

Nous ne savons pas ce que le jeune homme lui répondit.
Tout ce que l'histoire a retenu, c'est qu'il put épouser sa Ginevra, qu'ils furent heureux...
Et qu'ils eurent beaucoup de petits Bellini.

Cinq cent cinquante ans plus tard, à quelques jours près, un parfait inconnu pousse la porte de mon atelier d'alors, rue des Batignolles.
Il passe juste la tête, et me dit ces mots simples :
- "Je me présente, René Sens."
Puis il referme la porte et disparait, comme il est venu.
Étonnant, non ?

Rire Pilaf


Plus on est de fous, moins il y a de riz.
Coluche

dimanche 2 mars 2008

Le roulé de Caporal

Bon, le petit caporal de l'Élysée doit avoir le sentiment
de s'être fait rouler dans la farine, neuf mois à peine
après son élection triomphale.
Si vous voulez mon avis, il s'y est roulé tout seul, mais admettons.
Qu'il sache qu'il n'y a pas que dans la farine
qu'on peut rouler un caporal...
Dans la montagne, ça marche aussi très bien.
La preuve ? Petite leçon de vie...
Le roulé de caporal, par Pistole, berger des Hautes-Pyrénées.