vendredi 28 mars 2008

Témoins de leur temps


Michel Ciry, Les fiançailles, 1964.

En 1947, encouragé par Jean Cassou, conservateur du Musée d'Art Moderne, Isis Kischka fonde le collectif "Les peintres témoins de leur temps". Le but officiel est de venir en aide à la Maison de Retraite des Artistes de Nogent-sur-Marne.
La première exposition, sur le thème du travail, a lieu en 1951.
L'affiche est signée Fernand Léger, excusez du pneu.
On peut y admirer des oeuvres de Matisse, Dufy, Rouault ou encore André Lhote. D'autres artistes célèbres rejoignent épisodiquement, au fil des ans, le collectif : Buffet, Carzou, Dali, Foujita, Gromaire, Picasso, Van Dongen, Villon...
Jusqu'en 1977, au musée Galliéra, d'assez belles expositions connaîtront un vif succès. Contraint de déménager au musée du Luxembourg, le Salon déclinera, jusqu'à son extinction en 1982.
Tout ça ferait une belle histoire, qui durerait encore...
Si ses initiateurs ne s'étaient pas usés en une guerre peu subtile, contre tout ce qui s'éloignait un tant soit peu... de l'art figuratif.
L'art abstrait en particulier.
Le mot d'ordre était : "Que l'homme figure et se reconnaisse dans les oeuvres". Il se révélera étouffant, et aura raison de l'entreprise.
L'Histoire a été féroce, injuste peut-être, avec le collectif.
En vingt ans, le Salon ne révélera pas un seul artiste important.
Comme si un abstrait lyrique n'était pas un "témoin de son temps"...
On pourrait en rire, mais l'histoire balbutie.
Et les inculturés pourfendeurs de l'art contemporain feraient bien de regarder en arrière... une fois de temps en temps.