dimanche 16 mars 2008

Irlande éternelle


Ai traversé les verts pâturages d'Irlande, de Dublin à Waterford, en passant par Kilkenny.
Ai marché sur des sentiers de douaniers aux herbes folles, le long de la côte sud, entre Tramore et Dungarvan...
Ai conversé, tout étonné de les trouver là, avec des copines coulemelles qui rêvaient des Pyrénées en regardant la mer...
Les ai consolées, en leur expliquant que, dans les Pyrénées, je les aurais sans remords accommodées en beignets, après les avoir acoquinées de force avec une gousse d'ail écrasée, et une pincée de chapelure...
Ai crotté mes pompes, en longeant la Blackwater pour admirer les tours de Lismore Castle, en compagnie d'un héron bleu...
Suis monté à la Vee, pour embrasser une lande que les prémices de l'hiver faisaient ressembler à l'Aubrac...
Me suis écorché les joues, dans une jungle de rhododendrons, que j'en avais jamais vu autant, en m'demandant bien quelle jolie frimousse ils devaient donner à la région, au tout début du printemps...
Ai demandé, à des moutons têtes noires qui broutaient près de Clonmel, et qui m'ont répondu par l'affirmative, s'ils connaissaient le plateau de Coumély...
Ai bafouillé, iningliche, avec une jolie berlinoise, qui semblait suffisamment amoureuse du fiston pour que j'produise cet effort surhumain...
Ai surtout, surtout, éclusé nombre de pintes de stout à la santé des aminches, et dégusté du Number Nine, un whiskey délicious, au Downes, où le patron le distille lui-même...
Ai contemplé ma hure enflammée à la Murphy's dans le miroir incertain de la Suir...
Ai tapé du pied au son d'l'accordéon, d'la tin whistle et d'un fiddle qu'aurait fait faire des bonds à un cul-de-jatte, au fond d'un pub dont j'ai oublié l'nom, dans les ruelles obscures d'une ville perdue...
Ai beuglé à la lune humide des vieux chants brittons, que fredonnait au-dessus de mon berceau ma GrandMa Kérouanton, et que je croyais bien avoir oubliés...
Me suis pris, sur l'coin d'la tronche, de la flotte, de la flotte, et encore de la flotte...
Et suis revenu plus sage d'un dicton du cru qui fonctionne dans tous les sens, et dit à peu près ceci :
Si tu n'apprécies pas le temps qu'il fait en Irlande, attend cinq minutes !
Quatre jours, vous me direz, ça n'est que du tourisme...
Ouaip, ça n'est, mais, bonguieu, ça est mieux que rien !